Tout le monde parle de l’écoute, de l’importance de savoir écouter, de l’écoute active même, qui s’oppose à une écoute passive, voire somnolente ou distraite.
D’ailleurs, ne dit-on pas « écoute-moi bien ! » ? Car on pourrait mal écouter, à moins que le signifiant réel de cette phrase soit tout autre, dissimulant une menace voilée…
L’écoute de son ou de ses interlocuteurs est en effet fondamentale pour pouvoir transmettre à son tour une parole adaptée à la fois à la situation et à la relation qui s’y déroule.
Cela est particulièrement vrai et important, sans pour autant s’y réduire, dans toutes les situations d’audition où l’on se retrouve en position de candidat face à un jury.
Mais une fois que l’on dit : « c’est très important d’écouter ses interlocuteurs », on a à la fois tout dit et rien dit.
Intéressons-nous à ce que contient cette capacité mentale qu’est l’écoute, à ce qu’elle exige et à ce qui la freine ou lui fait obstacle.
Examinons donc de plus près, au-delà des capacités physiques nécessaires à une bonne audition, le mécanisme qu’elle exige pour être efficace et ce qui l’obère.
D’abord, une disponibilité à l’interlocuteur à l’instant de sa prise de parole.
Ce qui signifie que si nous produisons nous même de la parole alors que notre interlocuteur nous questionne, notre qualité d’écoute risque donc d’en être amoindrie.
Ainsi, notre premier réflexe doit être : nous taire quand l’autre parle ou nous questionne.
Si cela semble être de l’ordre de l’évidence, nous serions surpris de constater en nous observant un peu, le nombre de fois où nous parlons en même temps que notre interlocuteur et/ou nous commençons déjà à répondre alors que la question n’a pas encore fini d’être posée. Et si, à la fin de la question se trouvait un terme important qui demande de bouleverser notre réponse ou son ordonnancement…
Ensuite, une disponibilité intérieure.
Par disponibilité il faut également comprendre : faire abstraction de ce qui, en nous, peut perturber notre qualité d’écoute.
- Nos a priori concernant notre interlocuteur (les attentes que nous présupposons en lui, nos préjugés dévalorisants le concernant, …) qui limitent notre ouverture d’esprit.
- Nos peurs, par exemple qui inhibent notre neutralité et peuvent nous faire réagir de manière inadaptée nous amenant à ne pas oser formuler ce que nous pensons (par peur de ne pas savoir, de se tromper ou d’être jugé de manière négative), ou à produire de la justification à la place de l’argumentation attendue.
- Certains de nos traits de caractère, le perfectionnisme par exemple, si fortement ancré en nous pour certains qu’il pourrait nous amener à « recracher » tout ce que nous savons sur le sujet tel un élève puisant dans sa seule mémoire tout ce qu’il connaît plutôt que de se placer en situation de réflexion sur les principales problématiques à traiter.
Ainsi, notre second réflexe : taire en nous tout ce qui peut perturber notre attention.
Enfin, l’écoute exige, après s’être tu pour écouter et après avoir créé les conditions de sa disponibilité intérieure, de discerner les mots clés à l’intérieur du brouhaha qui l’entoure.
Et ce brouhaha peut être le fruit de tous les mots contenus dans la phrase ou la question, mais qui n’en constitue pas le sens profond.
En effet, si dans une phrase ou dans une question, nous pouvons considérer qu’il est rare qu’il y ait plus de 2 ou 3 mots clés, cela signifie qu’il nous faut nous concentrer sur ces seuls 2 ou 3 mots clefs pour pouvoir essentialiser notre réflexion puis notre réponse et ne pas prêter attention aux autres termes qui n’ajoutent qu’un bruit de fond et risquent de nous disperser.
Mais parfois, un mot clé peut aussi être masqué par une intentionnalité contenue dans un autre mot ou dans une certaine tonalité orale (humour, reproche déguisé, contradiction…) de la phrase et qu’il nous faut alors traiter tout autant comme un élément clé.
Ainsi, il nous faut aussi pouvoir être disponible à l’environnement dans lequel la question est posée pour éventuellement prendre en compte cet indicible, pourtant porteur de sens.
En effet, l’environnement va nécessairement orienter le contenu de ce qui va constituer notre intervention ou notre réponse, car nous parlons pour être écouté et surtout entendu, ce qui signifie qu’il est tout aussi important d’adapter nos interventions aux spécificités de nos interlocuteurs.
Notre troisième réflexe : nous concentrer sur l’essentiel pour orienter notre réflexion.
En résumé, notre qualité d’écoute exige de nous :
- De nous taire quand l’interlocuteur s’adresse à nous ;
- De taire nos a priori de réponse et nos peurs ou nos petites voix intérieures ;
- Pour mieux nous concentrer et identifier les mots clés contenu dans le propos de l’interlocuteur.
Les deux premiers temps sont ainsi les conditions de l’efficacité du troisième.
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