La grande lassitude des cadres de l’État : plaidoyer pour l’initiative

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Le phénomène n’est pas nouveau ; depuis de nombreuses années, dans les stages de management que nous animons, cette lassitude au travail s’est souvent exprimée.

Ce qui est nouveau, et inquiétant, c’est l’ampleur d’un découragement que les cadres que nous rencontrons ont besoin de dire.

Selon les témoignages recueillis, cette lassitude a pour cause un sentiment d’absurdité au travail dû à l’impression que tous les efforts fournis, parfois jusqu’à l’épuisement, ne produisent pas les résultats escomptés. L’implication dans les dossiers, l’investissement de soi, de son énergie et de ses compétences, l’engagement de toute sa personne que ne justifie pas la seule rémunération, mais qui implique une volonté de faire aboutir une action publique, de se mettre au service de l’intérêt général : tout cela semble vain, tout cela perd de son sens. Tant d’implication pour si peu d’effet … susurrent-ils.

Ce constat vient nourrir la démotivation. C’est la tentation du « à quoi bon ? »

En un moment où les crises se suivent et ajoutent leurs effets (crises sanitaire, géopolitique, économique, climatique et sociale), le besoin de pouvoir agir avec efficacité pour permettre à notre société de faire face est fondamental. À l’inverse, avoir la conviction d’être inefficace quand l’heure est grave est difficilement supportable.

Pour illustrer la situation psychologique de ces cadres supérieurs, une image est revenue plusieurs fois dans leurs propos, celle d’un hamster qui court dans sa roue. Il court, il court, la roue tourne, mais reste sur place. Aujourd’hui, le hamster voudrait savoir où aller et comment.

Lorsque l’on questionne les cadres sur les raisons de cette lassitude, trois sujets principaux sont évoqués : le management des décideurs, les réorganisations qui se suivent et ne paraissent pas toujours pertinentes, les politiques publiques qui semblent inefficaces au regard des enjeux de ce 21ème siècle. Ils sont capables de justifier cette analyse de nombre d’exemples, comme telle décision arbitraire et inopportune, comme cette réorganisation qu’il faudra réorganisée, comme ces politiques publiques qui ne viennent pas à bout du dernier km.

Quant aux réformes qui se succèdent, ils en cherchent la vision, clé de voûte du management. Ce n’est donc pas qu’ils soient opposés au changement, au contraire, c’est qu’ils attendent un changement profond des modes de fonctionnement, voire une révolution dans les modalités de l’action publique. Trop de freins et de lourdeurs, trop de cloisonnements et d’incohérence, trop de « jeux de pouvoir » institutionnels.

Nombre de ces cadres se sont appropriés des méthodes et des outils notamment promus par la DITP* pour conduire des projets et développer l’innovation. Tout un vocabulaire nouveau se répand qui éveille aussi des aspirations à faire autrement. En ce temps de crises, la révolution dans les modalités de l’action publique ne saurait se faire à pas lents. Il y a urgence et les cadres ne veulent plus se contenter de s’inscrire dans un moule institutionnel engourdi pour espérer contribuer quelque peu à apporter des solutions nécessaires. Agir efficacement pour stimuler la motivation est devenu un impératif catégorique.

De quoi pourrait être faite une grande refondation à même de produire une vision partagée et des lignes d’une véritable révolution de l’action publique ?

Ne faudrait-il pas surtout axer le changement sur la libération de l’action des carcans actuels autour de concepts simples de souplesse, d’initiative et de coopération. Que de bonnes volontés freinées dans leur élan, d’énergie contenue, d’idées méprisées qui pourraient être autant de solutions.

Et il y a urgence, si l’on veut éviter une grande démission.

« I have a dream » …

Un rêve où nous libérerons les énergies. Déjà Bergson en 1907 dans son ouvrage « L’évolution créatrice » opposait la pensée créatrice à la pensée schématique et réductrice. Allons-nous attendre un siècle encore pour libérer les initiatives dont notre société a tant besoin ?

Or, il y a un gisement humain inexploité.

De magnifiques initiatives sont déjà prises un peu, allons plus loin, essaimons, partageons …

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https://www.parismatch.com/Actu/Societe/L-armee-sort-de-sa-bulle-les-auteurs-de-BD-imaginent-le-story-board-des-conflits-futurs-1718163

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*Direction Interministérielle de la Transformation Publique

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